vendredi 15 janvier 2010

Fatalité ?



Souvent la question de ce qu'on aurait pu faire pour éviter ça, se pose. Mais comme à chaque fois c'est l'option de la fatalité qui est retenue pour l'explication. Pourtant dans le lien de causalité il serait judicieux d'explorer l'origine de ces maux, plutôt que de panser les effets.


Tout devient ce qu'il peut devenir (*1). L' essence de la nature profonde suffit à son évolution. Il existe même chez les esclaves, la volonté de devenir maître. L'acceptation d'être soumis à condition de soumettre à son tour. C'est le principe directeur du genre humain. Le summum du bonheur, est de constater sa supériorité comme une évidence, et d'avoir la conviction de le mériter. Rien de plus insupportable que d'admettre le hasard. Tous ce qui se passe a forcément une raison dans l'inconscient de chacun. C'est ce qui produit l'illusion de posséder le pouvoir, contre ceux qui ne l'ont pas. Sur un plan macro économique, les grandes « puissances » se hâtent de porter secours aux victimes de catastrophes naturelles, surtout quand celles-ci sont dépassées par l'évènement. Les armées ont changé de fonction, elles servent désormais au fret de produits humanitaires. Les États Unis ont envoyé deux de leur plus beau porte avion au large d'Haïti, séisme prévisible depuis au moins deux siècles. La communauté international aurait très bien pu agir avant, mais que resterait-il de jouissif ? Haïti est désormais la vitrine des grands de ce monde, tous s'exposent avec la certitude de bien faire. Encore une fois certains devront leurs vies aux sauveurs américains, comme en Europe, où on leur doit soi-disant notre liberté. La finalité sera exclusivement économique, lorsque la nation au grand cœur remportera le plus de contrats pour reconstruire l'île (*2).


Toutes nos possibilités intellectuelles aussi bien que physiques et matérielles, sont mobilisées pour satisfaire ce besoin primaire de domination. Tout l'art de la politique consiste à trouver des causes extérieurs à cette nature pour expliquer toutes les injustices. L'entendement est pris à défaut en acceptant des causes qui n'ont aucuns rapport avec les effets qu'on leur prête, pour produire l'illusion parfaite. C'est ce qui permet aux politiques de gouverner, aux banquiers de nous extorquer, à la justice de nous condamner, en un mot au système d'exister.


La promesse ou l'espoir qu'un jour chacun pourra avoir aussi son heure de gloire, suffit généralement à calmer la colère des primates que nous sommes, jeux de hasards ou télé crochet. La violence est la première forme d'expression de ce besoin de domination, mais selon son degré de « civilisation » elle peut s'exprimer d'autre manière que se soit.



*1 : Nietzsche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Volont%C3%A9_de_puissance

*2 : http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-01-15/seisme-haiti-obama-et-sarkozy-vont-coordonner-leur-efforts/924/0/413807