mardi 26 février 2008

La morale d’esclave

Un pays en paix dans un continent en paix, avec les mêmes droits et les mêmes chances pour tous. L’égalité entre les hommes et la liberté, pilier de toutes les valeurs réunies. Voilà le monde tel qu’il a été rêvé pour nous, et tel qu’il est en phase d’aboutir. Le système utilise les grandes utopies de notre civilisation pour arriver à sa fin, religieuse, politique et économique. Mais quel est l’objectif pour l’humanité ?

Les valeurs chrétiennes, que nous apprennent-elles sinon d’être docile et serviable ? Aimer son ennemies, lui tendre l’autre joue, accepter la fatalité, avoir pitié et demander pardon. Un bon croyant se doit d’être modeste et se soumettre, car le tout puissant reconnaît la souffrance, les premier seront les derniers. Même lorsqu’on n’a rien à se reprocher, on exige de nous des repentances au nom des fautes commises dans l’histoire par nos aïeuls. L’esclavagisme et surtout la shoah, développent un sentiment de dette sur les peuples qui autrefois étaient dominants. L’effet escompté est de transposer le clivage fort/faible en bon/mauvais, où le faible devient le bon, et donc le moralisateur au nom de l’égalité. Pour Nietzsche, ces seuls valeurs chrétiennes ont suffit à rendre pitoyable tout l’occident (L'Antéchrist -1885)

Les valeurs démocratiques et républicaines ont elles aussi contribué à rependre la doctrine égalitaire, en abolissant tous privilèges accordés aux élites d’une aristocratie héréditaire. Partant d’un bon fond, la république n’a pas été capable de repérer sa véritable noblesse et n’a fait que reproduire le modèle monarchique. L’égalité pour tous, du moins entre les pauvres, et la réussite de la bourgeoisie en corrélation avec le capital possédé, ont changé la forme mais pas le fond. Mieux, là où il fallait plusieurs générations de nobles d’épées, pour quelquefois aboutir à une noblesse d’une certaine vertu, il ne faut aujourd’hui même pas une génération pour faire une aristocratie médiocre et sans valeur, à l’antipode de la morale confucéenne.

Les valeurs libérales ou plutôt libertaires, ont initié la libéralisation des mœurs en occident, puis dans le monde entier, dans le but de créer un consommateur moyen capable de capter les messages publicitaires internationaux sans barrières d’usages. La liberté n’est devenue concrète que dans l’acte d’achat. L’argent donne le pouvoir, le pouvoir d’acheter n’importe quoi qui donne à son tour, l’illusion d’une liberté. Tous les pays émergents suivent le seul modèle disponible qu’est celui des USA, moralisateurs de fait par sa position dominante, contribue à l’uniformisation de la terre entière.


L’air de la mondialisation est comparable au moyen-âge, dans le sens où 99% des gens étaient dépourvues de toutes connaissances culturelles, spirituelles ou philosophiques. Plus subtils aujourd’hui, au lieu de développer l’esprit critique et l’autonomie de réflexion, soit la liberté, on moralise au nom de toutes ces valeurs préconçues, pour nous réduire à de simple consommateur par lequel toutes ces vertus trouvent un écho concret dans le capitalisme. Dans ce contexte Nietzsche écrit dans Généalogie de la morale :
« Il n’y a de liberté que pour les âmes guerrières... L’homme devenu libre foule aux pieds cette sorte de bien être méprisable dont rêvent épiciers, chrétiens, vaches, femmes, anglais et autres démocrates. » . Cet homme moderne devenu chétif, s’est fait esclave d’une morale qu’il accepte et qu’il alimente volontiers pour créer une espèce de misérable, lâche, évitant tout conflit. Considérant que la vie est une succession de petit plaisir sans encombre, dont il se contente, sans réel ambition il participe à l’extinction de la race humaine.

mardi 19 février 2008

La prophétie de Nietzche

La réussite financière est la plus importante des réussites, pour ne pas dire la seule des réussites saluées, tant les autres aspects de la vie sont devenus ridicules au regard du plus grand nombre. Sur le plan culturel, spirituel, philosophique, social ou politique, des maîtres à pensées donnent la marche à suivre à tous ces veaux, victimes de leurs pleins grés, de la démocratie-mondialiste au service du capital, incapables de penser par eux-mêmes.

Sous des aspects équitables, la démocratie est perçu comme un gage d’avancé sur le plan humain, puisqu’elle ne s’applique qu’à une seule chose: celle de faire régner l’égalité.
Ce concept hérité du christianisme (selon Nietzsche), ou du siècle des lumières via la franc-maçonnerie, prépare le monde à une homogénéisation du genre humain. Jugeant que le nivellement de l'humanité par l'égalitarisme est inévitable, Nietzsche conçoit l'idée que l'Europe devra nécessairement se fédérer en détruisant les nationalismes et s'unifier économiquement, et que l'humanité sera un jour gérée au niveau mondial (ce qu'il appelle la domination à venir de la Terre).
Cette prévision est en phase finale de concrétisation, la mondialisation est aujourd’hui une réalité.

La démocratie, telle que Nietzsche la conçoit, est cette idéologie du troupeau qui cherche la sécurité et le bien-être, aux dépens de la supériorité intellectuelle, en lui faisant la guerre, en se faisant l'ennemi de tout génie : d'où la critique de l'éducation démocratique moderne qui entrave le développement intellectuel et ne produit que des individus à demi cultivés, grossiers voire barbares (*1). Comprenez pourquoi le gouvernement souhaite porter d’ici à 2015, 80% d’une classe d’âge au niveau de la licence. Cette culture égalitaire tue l’élite intellectuelle qui tirait par le haut ceux qui étaient jusque là situé plus bas. Désormais les élites seront noyées dans la masse, incapables d’en émerger sans l’apport du capital, clé de la réussite. L’Ecole « moyenne » servira à former non pas des penseurs, mais de bons consommateurs, ou pour les meilleures, des marchants de rêves (école de commerce et autres dérivés).

Cette régulation de la société aura pour effet d’étendre à tous les domaines cette « médiocrisation » plus visible pour l’instant sur le plan politique. Les hommes de pouvoirs n’ont même plus le contrôle de ce qu’ils prétendent diriger, tant les entités supranationales ont pris le relais (Union Européenne, OMC, BCE ...). Les diplômes ont de la même manière rendue obsolète la corrélation avec le savoir qu’ils prétendent symboliser.
L’avenir c’est la création d'un citoyen moyen, sans qualité, formant un troupeau suivant des vertus d'obéissance à l'ordre social, quasi-esclaves, satisfaits toutefois de sa condition (qu’il a voulue).
Le plus grand des mensonges n’est pas celui que l’on constate absent, mais bien celui qu’on se fait à soit même. Adopter un comportement nihiliste, c’est contribuer à l’avènement du système, et de fait participer à sa propre décadence.

(*1) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Wilhelm_Nietzsche#La_m.C3.A9taphysique